Informez-vous toujours avant de donner des dépôts!
Selon ce qui a été rapporté par TVA Nouvelles et le Journal de Montréal récemment, de nombreuses personnes auraient été victimes d’un couple de Laval qui profite de leur grand coeur afin de leur voler de l’argent. L’homme et la femme utiliseraient des photos d’adorables chiots mis « en adoption » dans leur faux refuge afin d’encaisser des virements bancaires et disparaître avec l’argent en question.
Claudia Mercier, une dame de Mirabel, en a fait l’expérience. Le 10 décembre dernier, elle a craqué pour le regard de Luigi, un petit chihuahua de deux mois. La photo du chiot était affichée sur la page Facebook du « Refuge S-C inc. », prétendument géré par Maxime April-Bouchard et Jessica Houle.
« Je me suis dit qu’il y avait de la place pour un autre petit amour dans notre famille », raconte la mère de trois enfants, qui a accepté de verser un dépôt de 150$ par virement bancaire pour réserver l’animal », a-t-elle confié au Journal de Montréal.
Madame Mercier a ensuite reçu d’autres demandent d’argent pour son futur chiot, entre autres pour procéder à sa stérilisation. Tout se faisait via Facebook.
La dame, qui est propriétaire d’un salon de coiffure, avait déjà donné 467$ pour son futur chien, lorsqu’une de ses clientes lui a fait parvenir un article publié dans Le Journal de Montréal en août 2018 au sujet des deux gestionnaires du « refuge ». L’article traitait de stratagèmes utilisés par les deux arnaqueurs pour recevoir plusieurs dépôts sans donner les animaux et sans procéder à des remboursements.
« On se traite d’innocent. On se traite de niaiseux. C’est vraiment pas le fun », a raconté Madame Mercier au Journal.
Déjà bloquée sur Facebook par le « refuge » et n’ayant ni le numéro de téléphone ni l’adresse de ces gens, elle a porté plainte à la police de Mirabel le lendemain.
Le Journal a discuté avec trois autres victimes de la même arnaque, qui affirment tout avoir été flouées par les mêmes individus dernièrement, dans des contextes similaires à celui de Madame Mercier.
Mentionnons que ce « refuge » ne détient aucun permis du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). De plus, au début de décembre, des internautes ont révélé qu’il avait publié la photo d’un petit chihuahua nommé Dexter, affirmant qu’il était disponible pour l’adoption. Mais les photos utilisées provenaient de l’élevage Dulce Chihuahua, qui les avait publiées deux mois plus tôt. Le chien en question se nomme Lexus et est toujours à Saint-Denis-sur-le-Richelieu, en attente d’adoption.
« C’est vraiment pas bon pour les éleveurs qui font ça par passion », a déclaré Mélanie Chaussée, la propriétaire deDulce Chihuahua.
Le Journal de Montréal a pu rejoindre Maxime April-Bouchard, qui n’a pas pu être convaincant dans ses divers arguments. L’homme a d’abord dit au Journal que le chiot de la photo avait été adopté « en mains propres », pour ensuite mentionner une prétendue erreur commise par « un employé qui s’est fait taper sur les doigts ».
Monsieur April-Bouchard a également prétendu qu’il n’était pas dans les pratiques de son refuge d’exiger des dépôts, « sauf dans des cas vraiment exceptionnels » et ce, même si les quatre présumées victimes s’étant confiées aux Journal de Montréal avaient toutes dû procéder à un paiement…
April-Bouchard prétend n’avoir rien à se reprocher, sauf que la ligne téléphonique par laquelle Le Journal a communiqué avec lui a été débranchée dans les 24 heures suivantes…
Monsieur Charles Tanguay, le porte-parole de l’Office de la protection du consommateur, rappelle aux gens qu’il est important de bien s’informer avant de verser des fonds, surtout en matière de transactions en ligne.
« On vérifie s’il y a une adresse réelle, on vérifie qui est derrière, et ça prend des preuves. Et jamais, jamais, on ne fait de virement bancaire. Parce qu’un virement bancaire, ça ne se défait pas », a-t-il expliqué au Journal.
Monsieur Tanguay suggère plutôt de faire les dépôts absolument nécessaires par carte de crédit, car il est habituellement plus facile de se faire rembourser, dans les cas de fraude.
Maxime April-Bouchard et Jessica Houle ont déposé une demande d’injonction au tribunal cette semaine pour tenter de faire taire leurs présumées victimes de fraudes.
Ils reprochent à Mégane Bigot et Valérie Pouliot-Gagnon d’avoir « publié des avis négatifs et diffamatoires à leur sujet » sur un groupe Facebook, apprend-on dans les documents de cour déposés à Montréal.
Ils demandent aux deux femmes et à divers organismes de défense des droits des animaux de retirer des publications qu’ils affirment diffamatoires et de leur verser un dédommagement de 130 000$.
Mais de son côté, le couple doit subir deux procès prochainement. Soit un procès pénal pour des accusations en vertu de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal le 24 février prochain, au palais de justice de Laval et un second procès, criminel cette fois, à la cour municipale de Montréal les 31 mars, 1 et 2 avril, pour des accusations de négligence et de cruauté.
En octobre 2017, cinq chiens ont été saisis par la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) au logement de Maxime April-Bouchard et Jessica Houle. Deux des animaux étaient si mal en point qu’ils avaient dû être euthanasiés.
En mars 2018, la Ville de Laval et la SPCA, avaient aussi effectué une autre saisie de huit chiens pour cause d’insalubrité. Laval avait également obtenu une ordonnance du tribunal un mois plus tard pour évincer de manière définitive l’homme et la femme d’un logement délabré.
Le Journal de Montréal a aussi obtenu des documents de cour révélant que Maxime April-Bouchard a signé une ordonnance de probation le 11 mars 2019, après avoir été trouvé coupable de harcèlement.
La morale de l’histoire: même si un animal fait fondre votre coeur devant votre écran, il faut toujours faire affaire avec des éleveurs ou des refuges reconnus et compétents, qui ont a coeur le bien-être animalier et qui ne demandent pas de virements bancaires.