Trucs et Bricolages
La science a découvert que l’isolement pouvait modifier la structure de notre cerveau
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La science a découvert que l’isolement pouvait modifier la structure de notre cerveau

Et en cette période de pandémie, plusieurs personnes souffrent à cause de l’isolement…

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 La solitude est un des grands maux de notre ère et, à cause de la pandémie du coronavirus, cette réalité vécue par des milliers de personnes s’est aggravée.

De quoi affecter la santé psychique, cognitive et physique des gens! 

Des chercheurs  de l’Université McGill, à Montréal, se sont penché sur le sujet et ils ont découvert que la souffrance tributaire de l’isolement va jusqu’à modifier  l’anatomie du cerveau humain ainsi que la communication entre certaines de ses régions. 

Les conclusions de cette recherche ont été publiées le 15 décembre 2020 dans Nature Communications.

Pour réaliser leur étude, les scientifiques se sont penchés sur les données d’imagerie cérébrale de 40 000 personnes, âgées de 40 à 69 ans. 

Les données en questions proviennent de la UK Biobank, qui constitue un échantillon représentatif de la population en générale au Royaume-Uni. 

Ces informations ont aux chercheurs permis de cibler des différences anatomiques et fonctionnelles entre le cerveau des gens déclarant se sentir souvent seules et celui des gens disant ne pas ressentir le poids de la solitude.

L’équipe de chercheurs montréalaise, en collaboration avec des collègues américains, britanniques et allemands, a noté des différences assez importantes entre les deux groupes d’individus, au niveau du réseau cérébral par défaut (default network), qui regroupe un ensemble de régions corticales ayant des fonctions de haut niveau. Ces « régions sont impliquées dans toutes les activités cognitives qui définissent l’être humain, comme le langage, la capacité de se projeter dans l’avenir, la mémoire autobiographique, l’aptitude à se mettre à la place de l’autre et à imaginer ce que l’autre pense », a expliqué Danilo Bzdok, professeur au Neuro (Institut-Hôpital neurologique de Montréal) et à Mila, Institut québécois d’intelligence artificielle, ayant dirigé l’étude en question.

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Les scientifiques ont relevé que, chez les personnes traversant difficilement l’isolement, le réseau cérébral par défaut est significativement plus gros. De plus, son activité fonctionnelle est sans contredit plus élevée chez les individus vivant difficilement l’isolement que chez les autres. 

Ils ont aussi constaté que, chez les personnes souffrant de la solitude, le « fornix » (un faisceau de fibres nerveuses qui assure la transmission de signaux entre l’hippocampe et jouant un rôle central dans la mémoire), ainsi que  le cortex préfrontal médian du réseau cérébral par défaut, sont nettement plus robuste.

Cependant, ils ont aussi constaté que les connexions entre le réseau cérébral par défaut et les cortex sensoriels traitant les stimuli de l’environnement, comme le cortex visuel, étaient plus faibles dans le cerveau des gens seuls. 

« Cela peut être interprété par le fait que les gens [souffrant de solitude] se referment sur eux-mêmes. Ils vivent dans leur tête, dans l’imaginaire, dans le passé. Ils [sont coupés] de la réalité. Cette suractivité du réseau cérébral par défaut nous amène à penser qu’en réaction à leur solitude, les gens qui sont affectés par l’isolement ont tendance à imaginer des relations sociales pour compenser le vide social autour d’eux », », a expliqué M. Bzdok.

Il faut dire que les personnes seules sont souvent plongées dans des réminiscences; elles revivent des scènes du passé, surtout des scènes d’interaction avec les autres. 

« Souvent, les personnes âgées ont tendance à faire de l’anthropomorphisme en parlant à leur animal domestique, ou à entretenir une conversation avec les héros de leur série télé préférée », a illustré M. Bzdok.

Donc, les personnes isolées vivent moins dans la réalité, sont moins connectées avec l’environnement et se renferment sur elles-mêmes, selon les scientifiques.

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Aussi, l’étude a aussi relevé qu’une vie solitaire non désirée laissait des traces plus importantes dans le cerveau masculin que dans celui d’une femme. Le chercheur pense que ce fait peut s’expliquer par le fait que les femmes ont souvent un réseau social plus important. Les hommes, en prenant de l’âge, ont en général moins d’amis que les femmes.

Finalement, les chercheurs ont découvert que les régions du cerveau étant les plus atteintes chez les personnes avec la maladie d’Alzheimer, « sont exactement les mêmes que celles qui sont affectées chez les personnes solitaires ».

M. Bzdok a mentionné qu’il est connu depuis quelques années que les gens qui se sentent seuls  ont tendance à développer la maladie d’Alzheimer plus précocement que ceux qui sont moins sensibles à la solitude. Il est donc crucial de permettre aux personnes âgées de maintenir le plus possible des interactions sociales.

Source: Le Devoir