La science révèle que les selles des bébés ont beaucoup évolué et nous explique ce que ça signifie

Tout parent de nouveau-né sait que la caca de bébé est important. Les pédiatres demandent souvent aux parents de surveiller la fréquence et l’apparence des selles et de s'assurer que leurs bébés mangent correctement. Bref, que tout fonctionne comme il le faut.

Une nouvelle étude publiée récemment révèle que le caca de bébé peut nous dire plus que ce que nous pensions depuis des décennies.

Le rapport révèle que le pH, une mesure de l’acidité et de l’alcalinité, n'a cessé d'augmenter depuis les années 1920.

Ceci est une découverte importante, car l'acidité peut informer les médecins sur le microbiome du bébé - l'équilibre des «bonnes» bactéries qui aident à digérer les aliments et à nous protéger des maladies.

Les chercheurs pensent que cela peut aussi aider à expliquer la montée des allergies et de l'asthme à l'ère moderne.

Bethany Henrick, de l'Université du Nebraska et Evolve BioSystems Inc. se sont penchés sur des études médicales portant sur les selles de bébé, qui remontent à 1926, moment où les chercheurs ont commencé à étudier les bactéries qui s’y retrouvent.

« Une revue de 14 études cliniques publiées entre 1926 et 2017, représentant plus de 312 nourrissons allaités en bonne santé, a démontré un changement dans le pH fécal de 5,0 à 6,5 », écrivaient-ils dans leur rapport publié dans la revue mSphere.

Un pH bas indique qu'un fluide est plus acide, alors que tout ce qui a un pH de 7 ou plus est considéré comme plus alcalin.

Selon eux, le changement s'est accéléré depuis 1980.

Des études indiquent que le pH peut être un moyen rapide de mesurer si le système digestif d'un nourrisson a suffisamment de bactéries bénéfiques du Bifidobacterium. Lorsque ces bactéries décomposent le lait, elles produisent des acides et cette acidité se manifeste dans les matières fécales du bébé.

Un type particulier de Bifidobacteria indique qu’un intestin est sain. On le nomme B. infantis. Les bébés qui en ont beaucoup ont produit des cacas plus acides que les bébés qui manquent de cette bactérie, selon les chercheurs.

Tout le monde porte un microbiome - une population de microbes comme les bactéries et les levures, affectant  plusieurs fonctions, de l'absorption des aliments à la réponse immunitaire.

Mais qu’est-ce qu’un microbiome sain?

Les bébés naissent presque « stériles » et reçoivent les germes qui les accompagneront dans leur vie via leur mère, leurs premiers repas, leurs premières manipulations ainsi que de leur environnement.

Les chercheurs essaient de comprendre quels sont les éléments d'un microbiome optimal. Les personnes qui connaissent des déséquilibres de ce côté peuvent être plus enclines à l'obésité, par exemple.

Le tube digestif est un allié important du système immunitaire. Cela a du sens, puisque les animaux absorbent beaucoup de germes par la nourriture. Les toutes premières bactéries qui apparaissent dans le tube digestif peuvent influencer son développement.

Une étude de 2015 a montré que les bactéries intestinales peuvent affecter le risque d'asthme d'un bébé.

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« Il existe des preuves évidentes que le microbiome intestinal infantile a d'importantes implications à long terme sur la santé, et des perturbations de la composition du microbiome peuvent entraîner une inflammation chronique et des maladies à médiation immunitaire », écrivent Henrick et son équipe.

« La perte de Bifidobacterium et le changement profond dans l'environnement de l'intestin, tel que mesuré par le pH fécal, présentent une explication convaincante de l'incidence accrue des maladies allergiques et auto-immunes observées dans les pays riches en ressources ».

Trois principaux facteurs pourraient tuer ces bactéries bénéfiques, a déclaré l'équipe de Henrick. Les voici:

1. Le lait maternisé

Le fait de donner des préparations pour nourrissons du commerce, à la place du lait maternel, peut affecter les bactéries qui prolifèrent dans leur corps

2.  Les antibiotiques

Les mères reçoivent souvent des antibiotiques pour protéger les bébés à la naissance et ces antibiotiques pourraient tuer de bonnes bactéries.

3.  La césarienne

Les accouchements par césarienne pourraient priver les nourrissons d'une chance de recueillir de bonnes bactéries à leur naissance. Aux États-Unis, le taux de césariennes a diminué depuis 2007, mais 1/3 des naissances, soit 1,2 million de bébés, se sont faites par césarienne en 2015, selon les Centers for Disease Control and Prevention.

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Jusqu'à présent, les scientifiques ne savent pas avec certitude quelles sont les bonnes bactéries dont nous avons tous besoin. Mais des études comme celle-ci peuvent aider à les guider.

Les membres de l’équipe de cette recherche travaillent tous à Evolve BioSystems, une compagnie qui développe des probiotiques commerciaux que les gens peuvent consommer pour améliorer leurs microbiomes.

« Cette augmentation constante du pH fécal des nourrissons au cours des dernières générations est largement passée inaperçue par la communauté médicale, mais semble être une indication d'une perturbation majeure de l'intestin infantile », a déclaré David Kyle, directeur scientifique d'Evolve BioSystems , Inc.