Le vinaigre blanc est-il vraiment moins polluant que les produits ménagers du commerce?

Et est-ce vrai qu'il doit être combiné à du bicarbonate de soude? Les réponses ici!

Trucs et Bricolages
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Publié il y a 4 ans
Le vinaigre blanc est-il vraiment moins polluant que les produits ménagers du commerce?
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Nous vivons dans une époque qui aime la propreté, mais qui s’inquiète tout autant des conséquences que le nettoyage avec des produits chimiques peut occasionner. Alors, une multitude de « recettes de grand-mère » fleurie sur le Web. Des industries lancent même sur le marché des produits nettoyants contenant des ingrédients « d’antan ». Mais est-ce que le bicarbonate de soude et le vinaigre sont moins polluants que d’autres produits?

Des chercheurs de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) ont voulu vérifier le tout. Pour ce faire, ils ont nettoyé, balayé et astiqué une maison expérimentale pendant deux ans et demi!

Leurs conclusions: les mélanges maison polluent moins, comme on s’en doute. Ils émettent moins de composés organiques volatils (COV), ces minuscules poussières qu’on inhale sans le savoir. 

D’après leurs tests,  les nettoyants pour vitres du commerce « spécial surfaces vitrées » laisse cinq fois plus de COV dans l’air que les produits faits à la maison.


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Dans les produits commerciaux, on retrouve de l’acétaldéhyde (classé cancérigène possible), qui est probablement produit par la dégradation des flacons en plastique et du formaldéhyde, qui est un cancérogène avéré. 

« La réglementation nous impose de vérifier qu’il n’y a pas d’impact sur la nature et l’homme. Si nous ne faisons pas de tests, nous le vérifions par modélisation », explique Chrystel Henri, directrice du développement durable de l’Association française des industriels de la détergence, qui regroupe les principales entreprises du secteur (Procter & Gamble, Palmolive, Unilever…)

« D’après l’étude, si l’on suit les doses préconisées par le fabricant et dans des conditions standards, il n’y a pas de risque! » tient-elle à préciser.  

« Mais encore faut-il comprendre les conditions standards… Les chercheurs de l’étude ont  testé deux scénarios. Le premier consistait à faire 1h30 de ménage par semaine alors que l’autre était constitué de deux séances de 4 heures par semaine.

Mais les scientifiques ignorent encore bien des choses sur les COV qui se  dégagent lorsqu’on nettoie un intérieur. 

« Sur les 80 substances détectées dans l’air, on ne connaît que les valeurs toxicologiques de 35 d’entre elles. Pour les deux tiers, on ne sait pas s’ils sont dangereux ou pas! », déclare Isabelle Augeven-Bour, ingénieure à l’Ademe.

Selon l’étude en question, les fabricants de produits ménagers n’affichent pas clairement leurs couleurs. 

«On a trouvé bien d’autres choses dans les détergents testés que la liste des ingrédients mentionnés sur l’étiquette », indique madame Augeven-Bour.

Les compagnies utilisent des termes très génériques du genre « parfum », « biocide » ou « agent de surface ». 

Isabelle Augeven-Bour conseille de rincer les surfaces nettoyées, d’aérer la pièce pendant le ménage et dix minutes après. Après 30 minutes, les produits d’entretien ne laisseront plus échapper de substance dans l’air.

Mais si vous être amateur de vinaigre blanc pour nettoyer votre demeure, il vous faut aussi prendre quelques précautions. À cause de l’odeur pas très agréable qu’il laisse, beaucoup d’utilisateurs y ajoutent des huiles essentielles, mais il faut le faire avec modération, selon l’Ademe. Ces parfums dégagent des terpènes, notamment du limonène, un hydrocarbure à l’odeur d’agrume.


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« Ce sont des concentrés d’allergisants, qui peuvent déclencher des réactions cutanées ou respiratoires. Après, à choisir entre une allergie et un cancer, je choisis la première », dit Frédéric Bourbon, chimiste de la marque écolo Rainett. 

Pour sa part, madame Augeven-Bour s’indigne:  « Les recettes sur le Net ou dans des magazines spécialisés indiquent parfois 40 gouttes par litre, c’est une folie ! Trois à cinq gouttes suffisent ».

C’est donc une bonne idée de fabriquer nos propres produits ménagers, à condition de se protéger quand on manipule les ingrédients et de connaître quelques règles élémentaires. Un exemple : « Pour vos recettes, choisissez vinaigre ou bicarbonate de soude. Les deux ensemble s’annulent. Il y aura de la mousse, mais rien de nettoyant », indique Frédéric Bourbon.

Voilà qui va à l’encontre de centaines de conseils ménagers partagés sur Internet!

Source: Le Parisien