Les écrans ne sont pas si nuisibles pour les enfants

Une nouvelle étude qui a de quoi rassurer les parents. En réalité, il y a peu de preuves solides indiquant que les écrans sont mauvais pour la santé physique et mentale des enfants, quel que soit leur âge.

Trucs et Bricolages
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Publié il y a 5 ans
Les écrans ne sont pas si nuisibles pour les enfants
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Depuis quelques années, les écrans (télé, mais surtout ordinateur, tablettes et téléphones intelligents) ont souvent mauvaise réputation. On culpabilise rapidement les parents qui laissent leurs enfants y avoir accès. On dit qu’ils modifient la structure de leur cerveau, en amincissant leur cortex. Ils nuiraient aussi à la santé des plus petits, feraient baisser leur vue, troubleraient leur sommeil, causeraient des retards de développement et même des troubles s’apparentant à l'autisme.

Bref, on les a accusés de presque tous les maux, y compris des plus farfelus.  Faut-il le redire? Le lien entre écrans et autisme relève nettement  de la fausse nouvelle; aucune étude scientifique sérieuse n'est jusqu'ici venue corroborer cette affirmation. Mais quand même, les parents s'inquiètent, et la question de savoir si nos enfants, quel que soit leur âge, passent trop de temps devant les écrans est devenue un véritable enjeu de société. 

Il y a ici de nombreux paramètres à prendre en compte. 

Concernant les adolescents, une étude parue en janvier 2019 dans la revue scientifique Nature Human Behaviour devrait  ramener un peu de sérénité dans nos familles. Deux chercheurs de l'université d'Oxford ont compilé les données de trois grandes enquêtes américaines et britanniques sur le sujet. 


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Au cours de ces études, les participants ont été interrogés au sujet de leur état de santé physique et mental et leur pratique du numérique, mais aussi sur de nombreuses autres variables: leur temps de sommeil, leurs pratiques sportives, culturelles ou religieuses, le port de lunettes, le fait d'aller au cinéma ou de déjeuner le matin, d'être victime de harcèlement scolaire, sur la consommation d’alcool ou de drogues, leur poids, leur taille, leur consommation de légumes, etc. Bref, on a analysé un très vaste ensemble de paramètres afin d’appréhender le mieux possible tout ce qui peut, d'une façon ou d'une autre, faire partie du quotidien des jeunes. 

Au final, les chercheurs ont en effet trouvé un effet négatif des écrans sur les adolescents. Cependant, les écrans expliquent seulement 0,4% de la variation de leur sentiment de bien-être : un impact très faible, qui a en réalité peu de signification. « Quand on examine ainsi de façon large les données, il devient évident que le poids démesuré accordé à la question du temps d'écran dans le débat public n'est pas mérité au regard des preuves scientifiques disponibles », notent les chercheurs. 


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Les trois enquêtes ont révélé que la consommation de cannabis ou le harcèlement scolaire sont bien plus négatifs et bien dormir améliore considérablement le sentiment de bien-être.  

Étonnement, cette recherche démontre également que manger beaucoup de pommes de terre aurait un effet négatif équivalent à celui des écrans. On y apprend aussi que porter des lunettes serait très pénalisant. Et c'est sans doute là le point le plus intéressant, et la plus utile au débat public, comme le souligne un éditorial paru le même jour dans la revue Nature « Il est impossible de tirer de conclusions définitives à partir de ce type de recherches, car elles reposent sur l'analyse d'associations, et non sur la compréhension de mécanismes causaux ». 

Donc, ces travaux ne permettent pas de dire si ce sont les écrans qui entraînent la (petite) diminution de bien-être constatée, ou si ce sont les enfants déjà en difficulté pour d'autres raisons qui deviennent davantage accros aux écrans. En plus du risque de passer à côté des vrais problèmes en cas de mauvaise interprétation.

Ce fut la même chose avec une autre étude, particulièrement alarmiste, qui est parue à la fin de l'année 2018 et qui montrait « un amincissement accéléré du cortex chez les adolescents les plus exposés aux écrans ». Ce travail, qui a été fortement partagé sur les réseaux sociaux, ne permet pourtant pas de tirer de conclusions sur la réalité du lien de cause à effet entre ces deux constats. Car ce processus d'amincissement du cortex fait partie de l'évolution normale du cerveau adolescent. 

L’amincissement du cortex se produit à un rythme propre à chacun, en lien avec une infinité de paramètres : patrimoine génétique, activité sportive et intellectuelle, alimentation, sociabilité... Difficile, dans ces conditions, d'isoler le rôle spécifique des écrans. D'autant plus que ceux-ci entraînent aussi des modifications de comportements (manque de sommeil, sédentarité), qui ont, en elles-mêmes, un effet sur le cerveau…

  

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Devant toutes ces fortes incertitudes, le Collège royal des pédiatres et des spécialistes de la santé infantile vient de tirer les conclusions : face au manque de preuves scientifiques validées sur le danger des écrans pour les enfants,quel que soit leur âge. Ces experts ont annoncé qu'ils ne donneraient pas de recommandations sur un nombre d'heures maximal d'exposition par jour. 

Ils ont simplement rappelé qu'il fallait éteindre tous ces appareils au moins une heure avant d'aller dormir. 

Plus important, ils ont publié une série de questions pour aider les familles à décider ce qui était le mieux pour elles. Exemples : « Gardez-vous le contrôle sur le temps consacré aux écrans? », « Pouvez-vous réaliser les activités que vous souhaitez avec votre famille? », « Le temps de sommeil est-il préservé? »

« Si vous répondez positivement à ces questions, et que vous êtes heureux, arrêtez de vous inquiéter. Par contre, si vous constatez des difficultés, peut-être que les écrans sont en cause », a dit un porte-parole du Collège à la BBC, tout en demandant que davantage de recherches soient menées à ce sujet. 

Autrement dit, on ne nous fait pas la morale, mais on nous demande de faire preuve de bon sens. Et si, finalement, ce n'était pas là le secret du bonheur ? Ou au moins de relations familiales apaisées, ce qui influence aussi le bien-être... 

Source: l'express