Trucs et Bricolages

Les enfants d'aujourd'hui perdent plusieurs habiletés physiques, comme sauter, courir et lancer

Des capacités pourtant aussi importantes que de savoir lire...

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La littératie est « la capacité d’une personne à lire et à comprendre un texte, lui permettant de maîtriser suffisamment l’information écrite pour être fonctionnelle en société ». C’est un aspect de l’apprentissage des enfants sur lequel on met des efforts, évidemment.

Mais saviez-vous qu’il existe aussi la « littératie physique »? On parle ici de l’apprentissage des mouvements physiques de base, qui est également important. Cependant, à notre époque, cette dernière se fait plus difficilement que par le passé. Les causes? La sédentarité, mais également, un changement dans les modes de jeu des jeunes.

Courir, sauter et lancer sont des mouvements apparemment simples de prime abord, mais qui doivent aussi être appris et maitrisés, tout comme l’alphabet composant les mots qu’on lit. Chaque compétence physique détermine les activités, sportives ou non, que l’on pratique. 

On peut imager la littératie physique en un cercle. La compétence physique amène une confiance en soi; cette confiance personnelle apporte, elle, la motivation de pratiquer plus de sport et d’acquérir plus de compétences. 

Cependant, de plus en plus d’observateurs pensent et affirment que les jeunes manquent gravement de littératie sportive. Ainsi, l’Hôpital pour enfants de l’est de l’Ontario a effectué une étude auprès de 10 000 enfants de 8 à 12 ans au Canada. Les chercheurs ont découvert que seulement un tiers d’entre eux avaient un niveau de littératie physique de base.

En Australie, on a procédé à un test simple consistant à faire rebondir un ballon et à l’attraper. Ce test a démontré que le nombre de fois où les enfants pouvaient le faire en une période de 20 secondes est passé de 14 fois en 1994 à seulement huit en 2018.

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Le cercle de littératie physique semble donc brisé.

Gabriel LeBlanc connaît bien la problématique. Par le passé, il a été à la tête d’Athlétisme NB et en a été témoin. 

« Apprendre un nouveau mouvement, c’est très complexe pour eux. Des affaires aussi simples pour les jeunes de pouvoir lancer une balle, faire un transfert de poids, pouvoir bien courir ou bien sauter », a-t-il dit à Radio-Canada.

Selon lui, c’est inquiétant de voir des jeunes qui ne savent plus bouger.

« Il faut savoir bouger, comment utiliser son corps, puis on ne parle pas juste de sport et d’activité physique, mais plus tard comment éviter des blessures, lever des boîtes, on utilise notre corps tous les jours », a-t-il ajouté.

Dave Thériault, vice-président à la programmation au YMCA du Grand Moncton, partage cet avis. Toutefois, s’il dénonce, comme beaucoup de spécialistes de la question, la sédentarité et les heures passées devant les écrans, l’homme pense que le problème est beaucoup plus profond. 

« Avant, c’était spontané pour les jeunes d’aller jouer dehors. Aujourd’hui, créer des activités de toutes pièces sans supervision, ils ont beaucoup de misère avec ça » a-t-il lui aussi affirmé à Radio-Canada,

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Monsieur LeBlanc est d’accord : « Avant on voyait des parties de hockey dans le chemin, puis on le voit beaucoup moins, des jeunes en train de juste jouer à différents sports ou en train de faire des équipes de quartier », a-t-il expliqué.

Éric Fortin, professeur d’éducation physique à l’école Le Sommet de Moncton, croit que les jeunes d’aujourd’hui sont un peu moins préparés à leur arrivée à l’école que leurs prédécesseurs.

« On jouait beaucoup dehors, il y avait les gens de la communauté avec qui on jouait, comme les grands frères et grandes sœurs qui eux, nous apprenaient des choses avant d’aller à l’école ».

D’après lui, on voit beaucoup moins cela de nos jours. L’idée d’apprendre par eux-mêmes, sans un entraîneur pour les guider, semble prendre déstabiliser les jeunes.

« On est attiré vers la technologie et on s’écarte un peu du jeu libre moins structuré où on apprend des choses par soi-même », a expliqué Dave Thériault, du YMCA du Grand Moncton

Qu’en est-il du rôle des parents dans ce dossier?

Monsieur Fortin invite les parents à se montrer observateurs, surtout lorsque leur enfant est en compagnie d’autres jeunes de son âge. « Souvent c’est juste quelque chose dont on ne se rend pas compte, mais c’est des petites étapes physiques, des habiletés qu’on n’a pas assez pratiquées », dit-il.

C’est pour cette raison que monsieur Fortin travaille continuellement à motiver les enfants pour leur donner ces clés qui leur ouvriront les portes de l’activité physique. « [Il faut] leur faire connaître du succès dans ces habiletés, pour pouvoir vouloir continuer dans ces activités », selon lui.

Sans des compétences physiques de base, il est difficile de motiver les jeunes et de leur donner confiance. Voici donc le chaînon manquant dans le cercle de la littératie physique.

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Les gouvernements du Nouveau-Brunswick et du Canada tentent de renverser la vapeur en finançant les activités sportives et la littératie physique grâce au programme « ALLEZ-Y NB » qui investit annuellement environ 500 000 $ dans les projets sportifs de communautés.

Par contre, Dave Thériault croit qu’il faut en faire encore plus pour améliorer la situation. « On ne peut pas laisser les autres faire le travail. C’est aux parents et aux organismes communautaires d’éduquer les jeunes pour faire en sorte qu’ils soient plus actifs ».

Selon Gabriel LeBlanc, l’exemple le meilleur exemple pouvant illustrer l’importance de la littératie physique est celui de la littératie tout court : « Si on n’est pas capable de lire quelques phrases simples, plus tard dans la vie il ne va pas lire de grands chefs-d’œuvre. Alors si un jeune ne sait pas comment bien bouger, si on ne lui donne pas le goût de l’activité physique, il ne va pas s’inscrire à la ligue adulte de balle molle ou de marche plus tard », a-t-il dit à Radio-Canada.