Les enfants qui sont exposés aux écrans, que ce soit la télé, une console de jeux, un téléphone, un ordinateur ou une tablette le matin avant l’école ou la garderie courent trois fois plus de risque d’avoir des troubles du langage, d’après la recherche.
De plus, si ces enfants discutent « rarement, voire jamais », du contenu des écrans avec leurs parents, ils multiplient par six leur risque d’avoir des troubles du langage. C’est ce qu’affirme une étude parue récemment dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’agence sanitaire Santé publique France (SpF).
« Ce n’est pas le temps passé devant les écrans, en moyenne vingt minutes le matin, mais le moment de la journée qui a un impact », a expliqué l’une des chercheuses, la Dre Manon Collet de l’université de Rennes, à l’AFP.
D’après elle, « Cela va épuiser leur attention et les rendre moins aptes aux apprentissages », a-t-elle mentionné.
Elle a ajouté que l’étude ne prouve pas le lien direct de cause à effet, mais elle établit un lien statistique certain, qui est renforcé par les résultats de la recherche médicale déjà publiée.
Au cours des dernières décennies, l’utilisation des médias numériques a augmenté et c’est aussi le cas pour les jeunes enfants qui ont accès à tous les écrans, rappellent les auteurs.
Certaines études ont démontré que les jeunes enfants qui sont exposés aux écrans avaient moins d’interaction émotionnelle avec leur entourage. Cette interaction est pourtant nécessaire à leur développement psychomoteur, en particulier au développement du langage.
En France, on évalue le développement du langage des enfants en médecine scolaire à l’âge de 4 ans, avec une échelle validée par la Haute autorité de santé (HAS).
Des études françaises ont révélé que 4 à 6 % des enfants étaient atteints de troubles primaires du langage.
La nouvelle étude a été menée sur 167 enfants atteints de troubles du langage et de 109 qui n’en avaient pas.
Les enfants dont le trouble du langage était dû à des pathologies ou handicaps (comme la prématurité, une maladie congénitale, les troubles neurologiques, psychiatriques ou de l’audition, et ceux dont les parents ne parlaient pas français ont été écartés de cette recherche.
Les enfants participants venaient d’Ille-et-Vilaine, étaient nés entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2012. Ils ont été évalués lorsqu’ils étaient âgés de 3 ans et demi à 6 ans et demi, la tranche d’âge correspondant à la période de dépistage des troubles du langage.
Parmi les enfants présentant des troubles du langage (les « cas »), 44,3% étaient exposés aux écrans contre 22,0% de ceux qui ne l’étaient pas (groupe témoin, de comparaison).
La Dre Collet a révélé que son équipe et elle avaient constaté que les cas et les témoins qui étaient exposés aux écrans le matin avant l’école étaient trois fois plus à risque de développer des troubles primaires du langage .
En moyenne, les enfants ayant participé à cette étude passaient une heure et quart par jour devant un écran.
