C'est une tendance qui émerge. Des experts se prononcent sur cette question.
Alors qu’il y a peu de temps, l’idée de porter un masque nous paraissait presque farfelue, quelques mois plus tard, certaines personnes se mettent à porter le « double masque », c’est-à-dire deux masques superposés.
Des célébrités commencent à s’afficher ainsi et l’idée circule de plus en plus dans la population. Les partisans du double-masque justifient leur décision par l'arrivée de nouveaux variants de la Covid-19, qui sont beaucoup plus contagieux.
Cette nouvelle idée ne fait pas l’unanimité chez les experts, cependant. Est-ce vraiment utilise de mettre deux masques l’un par-dessus l’autre?
Selon Benoît Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM et expert en virologie, «Ça limite la propagation du virus, tout simplement parce qu’il y a plus de barrières qui empêchent les gouttelettes d’être en contact avec une personne à proximité. Ce n’est pas une mesure qui devrait être contre-indiquée».
Chez nos voisins du sud, aux États-Unis, le directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses, le Dr Anthony Fauci, a dit il y a quelque temps être en accord avec ce procédé. Le port du double-masque pourrait d’ailleurs être prochainement recommandé par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis.
Cependant il n’y a pour le moment aucune documentation scientifique permettant d’appuyer le port de deux masques.
Le professeur Maximilien Debia, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, s’intéresse au port du masque depuis le début de la pandémie de la COVID-19. Selon lui, «On peut penser certainement, avec les concepts que l’on connait, que si un masque n’a pas de bonnes propriétés filtrantes, ça pourrait augmenter cette propriété barrière».
Par contre, cette protection supplémentaire risque aussi de poser un inconvénient non-négligeable, au niveau de la « respirabililté ».
«Si on ajoute des barrières, on peut diminuer la respirabilité. C’est quelque chose que l’on teste dans les masques. Si l’air ne passe pas par le masque, il passe par les côtés. En diminuant la respirabilité, on pourrait avoir des fuites», pense le professeur Debia.
À l’UQAM, Benoit Barbeau est du même avis. Il rappelle l’importance de l’étanchéité du masque, qui doit être conservée.
Il explique ceci: «Si le deuxième masque empêche que le premier soit étanche, vous êtes en situation où vous allez nuire à l’effet protecteur des masques. Le masque nous protège en autant qu’on ait un comportement et une procédure appropriée. L’étanchéité est un point essentiel».
En matière de contrôle des aérosols, le fait de porter deux masques n’apporte pas le même niveau de protection qu’un masque chirurgical. De plus, porter un couvre-visage ou deux ne doit pas nous faire oublier de pratiquer les autres gestes barrières, comme la distanciation physique et la limitation du temps d’exposition.
Donc, deux masques faits maison un sur l’autre n’offrent pas la même protection qu’un masque de bonne qualité.
«Au-delà d’avoir deux masques de mauvaise qualité, c’est d’avoir ce masque de bonne qualité dans les situations qui nous préoccupent, dans les endroits où les gens vont rester dans des milieux mal aérés sur de longues périodes de temps», a mentionné monsieur Debia.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux, n’émet aucun conseil pour le moment au sujet du port du double-masque, recommandant plutôt de porter des masques médicaux.
Marie-Hélène Émond, porte-parole de ce ministère, a indiqué au Métro que «Les experts de l’INSPQ mentionnent que le masque médical a démontré une efficacité alors qu’il y a peu de données sur le couvre-visage. Nous recommandons déjà depuis l’été que les personnes de la population qui sont plus vulnérables à développer des complications de la covid-19 portent des masques médicaux»,
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