Ne me dites pas de « profiter de chaque instant »

Si vous êtes maman, on vous a sûrement dit à plusieurs reprises de profiter de chaque moment. Comme si vous n’aviez pas le droit d’être épuisée, dépassée… 

Or, essayer d'être « présente » dans le chaos, c'est une mission pratiquement impossible…

Samm Burnham Davidson est un ex-avocate qui est mère de quatre enfants. Elle a partagé son avis sur la question sur le site Scary Mommy. Voici la traduction libre de sa réflexion… Plusieurs mères risquent de s’y reconnaitre!

Assise sur le sol du salon, fouillant dans un panier de jouets divers, à la recherche de la Barbie demandée par ma fille de quatre ans avec les cheveux tressés et la jupe violette. Je suis intentionnellement consciente lorsque je joue avec elle, appréciant et remarquant sa joie. Mon bébé me tire les cheveux alors qu'il atteint par-dessus mon épaule la balle Nerf que j'ai cachée sur le rebord de la fenêtre, l'empêchant de l'ajouter à son menu de petit-déjeuner. Mes garçons, âgés de huit et six ans, se battent pour la télécommande de la télévision, l'un donnant des coups de pied à l'autre avec son pied nu, manquant inévitablement et faisant tomber un bol plein de Goldfish au sol. Ma conscience se dissipe et je me sens vaincue.

Ce n'est pas un moment chaotique dans ma maison - c'est la norme. Avec quatre jeunes enfants extravertis, physiques et sauvages, la vie ressemble à un jeu de ballon chasseur sans arbitre. Ma tête tourne constamment, mon esprit travaille toujours pour éviter la prochaine crise inévitable et mes mains sont toujours occupées. J'essaie de rester dans l'instant, comme les médias sociaux me  poussent si souvent à le faire. Les articles, les mèmes et les bobines mis en musique nous incitent à maximiser notre présence mentale et émotionnelle pendant ces années rapides et qui s'estompent. Mais dans la réalité, cela peut sembler presque impossible et la pression qu'elle produit est énorme. Alors quand j'entends quelqu'un me dire « d’être présente », je dis, va te faire foutre.

Je comprends le sentiment derrière la suggestion. Je le fais! Je comprends que cela ressemble à des conseils utiles, surtout avec le recul. Mais la réalité est que je sais déjà profondément à quel point il est important de s'imprégner de ce temps éphémère – et c'est en partie ce qui le rend si difficile.

Je pense à mes enfants qui grandissent tous les jours, et ça écrase mon âme. J'imagine un avenir où personne ne reste par terre à me tirer les cheveux et où je perds mon souffle de chagrin. Mais la pression pour créer ces moments heureux de prise de conscience ne fait qu'ajouter à ma panique. Parce qu'essayer d'être présente dans ce chaos, c'est comme essayer de rester immobile sur le dos d'un taureau.

J'essaie quand même. La semaine dernière, j'ai réorganisé la salle de jeux du sous-sol pour créer une configuration de jeu Montessori parfaite (ou presque) pour les filles, 1ui comprenait des contributions plus détaillées pour divertir les garçons plus âgés. J'étais ravie de dévoiler ce magnifique paysage de jeu aux enfants après l'école, confiante que nous pourrions nous prélasser dans un après-midi de jeu en famille. Je m'imaginais assise sur le tapis, téléphone baissé, capable de plonger dans le monde magique des merveilles et de jouer avec mes quatre petits chérubins.

Eh bien, en quelques instants, il y avait un pied ensanglanté, une marche d'escalier cassée, deux enfants en pleurs et une queue de cheval pleine de beurre de cacahuète (ne demandez pas). Des blocs de bois ont été jetés, des craquelins incrustés dans le tapis, et je suis à peu près certaine que le bébé a mangé une chaussure à talons hauts miniature.

Et honnêtement, même lorsque j'élimine le chaos de toute la famille – quand c'est juste moi et un ou deux des enfants qui passent du temps ensemble – être présente est toujours difficile. La plupart des mères au foyer que je connais ont des bousculades et des responsabilités à l'extérieur de la maison. Beaucoup d'entre nous, malgré l'absence d'un titre corporatif, grincent des dents.

Et à cause de tout cela, materner de jeunes enfants est un véritable chahut, fat de recherche d'insectes d'arrière-cour et de matchs de cage de la WWE, de lecture de contes de fées et de crises de colère à l'épicerie. Le parcours de mère est parsemé de questions, étouffé de câlins et couvert de désordre. Donc, la présence, dans le sens yogi que la société encourage pour nous les mamans, est vraiment presque impossible.

Alors, au lieu d'encourager les mamans à respecter des normes impossibles, ayons un peu de compassion. Exhortez les mamans à célébrer les petits moments réalisables. Le calme juste avant l'inévitable tempête où vous attrapez le sourire édenté de votre fils et le sentez dans vos os. Et puis, quand il se rend compte qu'il y a de la croûte sur son sandwich quelques instants plus tard et qu'il se transforme en démon, elle ne se sentira peut-être pas aussi vaincue.

Félicitez les mamans pour tout ce avec quoi elles jonglent et dites-leur à quel point il est incroyable qu'elles soient capables de prendre du temps pour tout, même quand c'est désordonné. Aidez-les à comprendre qu'il n'y a pas de mal à vérifier ses e-mails pendant une partie de Trouble ou laissez son esprit vagabonder vers une tâche sans rapport avec les enfants pendant l'heure du bain. Parce que lorsque votre cerveau et votre cœur sont si pleins, la liste de choses à faire est sans fin. Il n'y a tout simplement pas assez de temps dans la journée pour donner à tous l'attention dont ils ont besoin.

Et donnez aux mamans une pause pour s'engager dans des trucs stupides, qui échappent à la réalité et qui engourdissent l'esprit, comme faire défiler leur téléphone au parc ou regarder une émission de téléréalité pendant le déjeuner. Parce que nous adorons notre réalité actuelle plus que tout, mais nous avons aussi besoin d'une pause.

Parce que nous faisons toutes de notre mieux. Nous sommes obsédées par ces petits humains et tout ce qu'ils font. Et nous voulons, plus que tout, nous imprégner de chaque seconde comme si c'était la dernière - être suffisamment présentes pour graver chaque petit mouvement, chaque son et chaque odeur dans nos souvenirs avant qu'il ne soit trop tard. Mais nous ne pouvons pas, et nous ne le ferons pas. Parce que la vie est bruyante et désordonnée. Et ça va.