Parmi les traditions de Noël nord-américaines, un grand classique demeure la visite au Père Noël dans un centre commercial, pour la photo annuelle.
La plupart d'entre nous avons vécu cette expérience lorsque nous étions enfants. Et pour certains, cela s’est transformé en séance de cris et de larmes! C’est intimidant, de s’asseoir sur les genoux de ce gros barbu!
Pour plusieurs parents, c’est tout à fait normal d’insister pour qu’un enfant prenne place sur le Père Noël pour une photo et pour espérer recevoir les cadeaux demandés. C’est un geste anodin.
Pour sa part, Julia Genoni, experte parentale et blogueuse chez Ask Mama Moe, affirme qu'elle n'a pas amené ses enfants pour prendre une photo avec le Père Noël depuis des années.
«Je vois beaucoup de gens partager leurs photos et dire:« Regarde à quel point mon enfant est bouleversé. Est-ce vraiment ce que vous voulez pour votre enfant? Cela me fait un peu peur. Je n'approuve pas cette situation », a-t-elle dit à CTV News.
Madame Genoni dit qu'elle ressent des sentiments mitigés au sujet de la tradition annuelle depuis qu'elle a ses trois enfants, qui ont maintenant 12, 10 et 10 ans.
«Nous l'avons fait une ou deux fois. La deuxième fois n'était pas exactement ce que je voulais pour eux. Je suis très convaincue que si mon enfant ne se sent pas à l’aise, nous n’allons pas faire ça », a-t-elle déclaré à CTV News.
«Cela n'avait aucun sens pour moi de leur faire vivre cette expérience inconfortable pour obtenir une photo - et alors que signifie cette photo? Cela peut changer la façon dont ils voient Noël et le personnage. »
Pour sa part, Matthew Danbrook, doctorant en psychologie scolaire et des enfants à l'Université McGill, ajoute que les jeunes enfants idéalisent leurs parents sur la base d'une relation enracinée dans l'amour et la confiance.
« Laisser un enfant crier ou pleurer avec un étranger et lui dire de sourire, ou si l'adulte rit pendant que l'enfant est en détresse, contribue à l'apprentissage de l'enfant qu'il doit passer outre ses propres émotions afin de plaire aux autres", a-t-il fait remarquer.
«Bien que ce moment ne suffise pas à lui seul à rompre une relation parent-enfant, pour certains enfants, il peut contribuer à la méfiance que l'enfant peut avoir envers ses parents. Forcer un enfant à s'asseoir sur les genoux du Père Noël - un étranger - soulève également la question du consentement, ajoute le spécialiste.
Idéalement, nous voulons que tous les garçons et filles apprennent que le consentement est nécessaire pour tout type de contact physique; une leçon qui est, je suis sûr que nous pouvons tous en convenir, précieuse à mesure que les enfants grandissent et deviennent des adultes », a-t-il expliqué à CTV News.
«Personne ne devrait jamais dire à quelqu'un d'autre quoi faire de son propre corps ... Si nous forçons des enfants à s'asseoir sur les genoux d'un étranger malgré leurs souhaits, la leçon enseignée est que le consentement n'est pas nécessaire et peu importe ce qu'un enfant veut faire avec son corps. «
Julia Genoni insiste sur le fait qu'il est important que les parents sachent ce que leurs enfants ressentent pendant les vacances quand il s'agit de parler à des étrangers - ou même à des membres de leur famille qu'ils ne voient pas souvent.
« Du coup, ils sont dans des situations plus importantes et doivent être sociaux avec des gens qu'ils n'ont pas vus depuis un an ou plus. Ils ne devraient pas avoir à embrasser tout le monde simplement parce qu’ils sont parents. Cela peut être gênant pour eux - c'est même gênant pour nous. »
Et cela ne s'arrête pas aux photos avec le Père Noël. Julia Genoni mentionne que de nombreux parents ne devraient pas se sentir obligés de «tirer le meilleur parti» de chaque expérience.
«Je ne veux juger personne et pourquoi quelqu’un le fait, mais je sais très bien comment mes enfants se sentent. Vous devez vous demander quels souvenirs vous créez », a-t-elle déclaré.
«Je ne veux pas leur faire subir de stress. Si c'est quelque chose avec lequel ils se sentent à l’aise, qu'ils veulent y aller et que cela les rend heureux, alors faites-le. Mais si vous voyez qu'ils deviennent anxieux quand ils arrivent et qu'ils sont contrariés, donnez-leur la possibilité de dire « Non ». »
Alors, quelle est la meilleure façon d'obtenir cette photo?
Matthew Danbrook suggère simplement de rassurer l’enfant que bien que le Père Noël soit un étranger, il est gentil. Vous pouvez peut-être vous asseoir à côté d'eux sur la photo pour montrer que le monsieur est sûr. S’ils résistent encore, il pourrait être temps de trouver une autre tradition des Fêtes!
