Pourquoi les gens ne changent pas d’opinion devant les preuves scientifiques
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Pourquoi les gens ne changent pas d’opinion devant les preuves scientifiques

En cette période de grands débats, essayons de comprendre pourquoi personne ne veut changer d'avis!

Trucs et Bricolages

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Vous est-il déjà arrivé de rencontrer des gens qui changeaient d’avis quand on leur expose des faits qui sont opposés à leurs convictions? Si oui, vous faites partie de la minorité!

En général, l’humain se renforce dans ses croyances et les défend bec et ongles quand on tente de lui faire changer d’avis. Même (surtout?) quand on lui expose des preuves accablantes qu’il se trompe.

Mais pourquoi avons-nous ce réflexe si intense?

Les experts pensent que notre vision du monde nous semble menacée par des preuves qui la contredisent.

Prenons l’exemple des créationnistes, qui renient les preuves de l'évolution telles que les fossiles ou la génétique. Ces gens s'inquiètent que des forces séculières empiètent sur leur foi religieuse. 

Les anti-vaccins, pour leur part, se méfient des entreprises pharmaceutiques et croient les médecins et chercheurs sont corrompus par l’argent. C’est ainsi que certaines personnes pensent qu’il y a un lien entre les vaccins et l’autisme, même si malgré la seule étude parlant d’un tel lien a été rétractée et que son auteur a été accusé de fraude. 

Du côté des conspirationnistes du 11 septembre faussent sur  des détails pointues et minimes, comme le point de fusion de l'acier dans les tours du World Trade Center, qui a causé leur effondrement. Ils croient donc que le gouvernement américain ment sur ce drame et mène des opérations « sous faux pavillon » afin de créer un nouvel ordre mondial. 

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Quant aux négationnistes du climat, ils sont passionnés par la liberté, surtout celle des industries à faire des affaires sans être dérangées par des lois gouvernementales restrictives. 

On retrouve même des gens qui sont obsédés au sujet de l’origine de Barack Obama et qui ont désespérément disséqué son certificat de naissance pour y trouver une fraude, Et ce, par peur  que le premier président afro-américain des Etats-Unis était un socialiste ayant pour mission la destruction du pays.

Les conceptions profondes de ces personnes au sujet de notre monde sont pratiquement vues comme étant menacées par les personnes « rationalistes », qui deviennent alors « l'ennemi à abattre »!

On explique cette emprise de la croyance face à la preuve s'explique par 2 facteurs. Ces facteurs sont la dissonance cognitive et l'effet rebond (backfire). Dans un classique qui a été publié en 1956, Quand la prophétie échoue, le psychologue Leon Festinger et ses co-auteurs mentionnent ce qui est arrivé à une secte qui vouait un culte aux ovnis, quand le vaisseau-mère extraterrestre attendu n'est pas arrivé à l’heure annoncée. Ces gens n’ont alors pas reconnu s’être trompés. Dans le livre, on lit que « les membres du groupe ont cherché frénétiquement à convaincre le monde de leurs croyances » et qu’ils ont fait « une série de tentatives désespérées pour effacer cette dissonance entre leur croyance et la réalité en faisant de nouvelles prédictions après la prophétie initiale, dans l'espoir que l'une finirait par être la bonne ». Selon Festinger, cet état de dissonance cognitive est une tension inconfortable survenant quand on considère deux idées contradictoires en même temps.

 

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Carol Tavris et Elliot Aronson (un ancien étudiant de Festinger), ont eux aussi écrit un livre intéressant, en 2007. Les erreurs des autres. L'autojustification, ses ressorts et ses méfaits . Ces deux psychologues sociaux y documentent des milliers d'expériences qui illustrent comment les gens déforment et sélectionnent les faits qui s’adaptent à leurs croyances préexistantes et réduisent leur dissonance cognitive. 

Les auteurs présentent leur métaphore de la « pyramide de choix » pour expliquer comment deux personnes qui ont des positions proches – côte à côte au sommet de la pyramide – peuvent rapidement finir au pied de la pyramide sur des faces opposées, avec des opinions contraires, aussitôt qu’elles décident de défendre une position.

Dans une série d'expériences, Brendan Nyhan, de Dartmouth College, et Jason Reifler, de l'Université d'Exeter, ont pour leur part identifié un second facteur et l’ont baptisé « effet rebond » (backfirem en anglais). Selon eux, le fait de corriger les erreurs factuelles liées aux croyances de quelqu’un s’avère inefficace en plus de renforcer les croyances erronées, D’après eux, « cela menace sa vision du monde ou l’idée qu’elle se fait d’elle-même ». 

Dans leurs études, les sujets recevaient entre autres des articles de presse fictifs confirmant des idées fausses répandues. Par exemple, la présence d’armes de destruction massive en Irak. Ensuite, on présentait aux participants un article démontrant qu’aucune arme de destruction massive n’avait été trouvée. 

Les sujets d’orientation libérale étant opposés à la guerre ont accepté le nouvel article et rejeté les anciens, Par cotre,  les personnes conservatrices qui soutenaient la guerre ont fait le contraire, en déclarant même  être encore plus convaincues de l’existence d’armes de destruction massive après avoir lu l’article affirmant qu’il n’y en avait pas, prétendant que cela prouvait seulement que Saddam Hussein les avait cachées, ou détruites. 

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Les chercheurs ont noté que, chez de nombreux conservateurs, « la croyance que l'Irak possédait des armes de destruction massive juste avant l'invasion par les États-Unis a persisté longtemps après que l'administration Bush elle-même a fini par admettre que ce n’était pas le cas ».

Donc, si les corrections sur les faits ne font qu'empirer les choses, que faire pour convaincre les gens que leurs croyances sont faussées ? 

Selon l’expérience empirique su scientifique Michael Shermer, on peut adopter ce comportement:

1. Mettre nos émotions de côté.

2.  Discuter sans attaquer (pas d’attaque ad hominem ni de point Godwin).

3. Écouter attentivement et tenter d'analyser la position de l’interlocuteur avec précision.

4. Démontrer du respect pour l’autre.

5. Reconnaître qu’on ne comprend pas pourquoi quelqu'un peut soutenir l’opinion en question.

6. Essayer de montrer que changer de vision des faits n’implique pas nécessairement de changer de vision du monde.

Cette stratégie n’est pas efficace à tous les coups quand on essaie de faire changer l’autre de point de vue. Cependant, cela peut au minimum contribuer à réduire des disputes inutiles.

En cette période de grands débats au sujet de la pandémie (ou de la non-pandémie) de la COVID-19, ces conseils peuvent être utiles!

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