Pourquoi reconnait-on si facilement l’accent du Saguenay-Lac-Saint-Jean?

Un laboratoire de phonétique s’est penché sur la question.

Trucs et Bricolages
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Publié il y a 5 ans
Pourquoi reconnait-on si facilement l’accent du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
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Au Québec, il existe plusieurs accents. L’un d’entre eux est particulièrement reconnaissable et certains tentent de l’imiter (souvent avec plus ou moins de succès!) afin d’en rigoler un peu ou de lui rendre hommage.

Au-delà du fameux « là là » qui est devenu presque caricatural au fil du temps, l’accent de cette belle grande région possède plusieurs autres caractéristiques représentatives.

Depuis plusieurs années, le laboratoire de phonétique de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) se penche sur la question afin de comprendre l’accent particulier des « Bleuets » et de découvrir les traits qui le différencient.

Selon une étude réalisée à l'UQAC il y a quelques années, les Saguenéens et les Jeannois ont tendance à exprimer, dans certaines situations, des voyelles fermées ( /i/, /y/ et /u/ dans l’alphabet phonétique international) plus longues et plus « tendues » qu'ailleurs dans la province.

Quiconque n’est pas originaire du  Saguenay-Lac-Saint-Jean entendra un son différent lorsqu’un « local » dira par exemple le mot « pur », qui sortira en « puuuuuuuur ».


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Les chercheurs de l'UQAC ont aussi examiné une autre caractéristique qui semble généralisée de la région, c’est-à-dire l'ouverture du /ɛ/ (le son « è » ou « ais ») en finale de mot.

Ils ont constaté que les Saguenéens et les Jeannois  ouvrent en général un peu plus leur bouche que les gens d’ailleurs au Québec en prononçant le son « è ». Entre autres lors de conjugaisons de verbes à l’imparfait (passais, ferait…) et dans des mots comme « ballet », « lait » ou « après ».

Selon le phonéticien Vincent Arnaud, professeur à l'UQAC, certains locuteurs maintiennent des traits généralement associés à la ruralité, comme l'affaiblissement des consonnes /ʃ/ (che) et /ʒ/ (je).

Ici encore, les gens de la région ouvrent un peu plus la bouche au moment de la production de ces consonnes, ce qui éclipse le bruit de friction qui est caractéristique du /ʃ/ et du /ʒ/.

En bon français, cela veut dire, comme l’explique Vincent Arnaud, que ces deux consonnes s’affaiblissent. « Par exemple, Jonquière, peut parfois être prononcé Honquière », explique-t-il.

Monsieur Arnaud mentionne que l'affaiblissement de ces consonnes est aussi entendu dans les régions de la Beauce et de l’Outaouais.

Les accents soulèvent toujours les passions. Chacun pense que le « sien » est le « meilleur ».

Monsieur Arnaud ne dira pas qu’un accent est supérieur à un autre. « Tout ce que je peux dire, c'est qu'il y a des usages phonétiques différents en fonction des régions, en fonction des âges, en fonction du sexe. L’accent “est multiple, il est coloré, mélangé. C'est une couleur locale qu'il ne faut pas perdre de vue, qu'il ne faut pas mettre de côté”, », a-t-il confié à Radio-Canada.

Et vous chers lecteurs? Quel est votre accent préféré? Le vôtre ou celui d’une autre région, d’un autre pays?

Source: Radio-Canada