Pour Joy Butler, chercheuse et professeure de pédagogie à l'Université de la Colombie-Britannique, le ballon-chasseur devrait être banni de nos écoles, car il constitue une forme d’intimidation autorisée.
Elle estime que ce jeu auquel s’adonnent des écoliers canadiens depuis des décennies dans la cour d’école ne devrait plus être pratiqué dans un cadre scolaire. Selon elle, cette activité est une forme d'« intimidation légalisée ».
Le ballon-chasseur (ou dodgeball, en anglais) est pratiqué dans le cadre de plusieurs cours d’éducation physique et lors des récréations depuis des générations. Il consiste à opposer deux équipes, qui se lancent un ballon dans le but d'atteindre des joueurs de l'équipe adverse afin de les éliminer du jeu.
Pendant le Congrès des sciences humaines se déroulant cette semaine à Vancouver, madame Butler a présenté un résumé d'une étude qu'elle publiera bientôt: Ballon-chasseur: les cinq visages de l’oppression?
La professeure y explique les raisons pour lesquelles elle pense que ce jeu populaire peut être nocif pour certains enfants.
Joy Butler s'interroge au sujet des messages sous-jacents qu'un jeu prenant pour cible des humains envoie en matière de justice sociale. Elle se penche sur l'exploitation et l'impuissance, la dominance et l’impérialisme culturel, la violence et la marginalisation.
Elle cite en exemple l'histoire d'une petite fille qui se cachait au fond du gymnase pour éviter d'être touchée par le ballon.
source: capture d'écran vidéo - CTV News
« Elle était traquée. Que va-t-elle apprendre de cette situation? » se questionne la chercheuse.
Madame Butler pense que ce jeu pouvant sembler anodin pousse des enfants à éviter leurs camarades de classe plutôt que d'aller vers eux ainsi que vers leurs éducateurs.
Dans cette optique, elle demande à ce que les enseignants accordent de l'attention aux enfants plus fragiles, qui sont susceptibles de vivre une situation difficile aux côtés d’élèves plus forts qui pourraient les choisir comme « cibles humaines ».
De son côté, la Vancouver Dodgeball League, qui compte plus de 1600 joueurs en Amérique du Nord, juge que le ballon-chasseur est une « cible facile ».
Claudia Tyzo, Truong Cao et Betina Ng, membres de cette ligue, pensent qu’il se peut que des adultes aient des souvenirs d'expériences négatives dans leur enfance et qu’il est donc facile de s'attaquer à ce sport en particulier.
L'équipe de la direction de la Vancouver Dodgeball League croit plutôt que leur sport est un excellent moyen d'inculquer de bonnes valeurs aux enfants. Comme le travail d’équipe, la communication, la patience, la confiance et l’esprit sportif.
De nombreux enseignants auraient dit à Joy Butler que ce sport pouvait constituer une manière amusante d'amener les enfants à faire de l'exercice, et de les aider à « se préparer pour le monde réel ».
Mais la professeure est d’avis que les éducateurs devraient plutôt choisir des jeux qui n’enseignent pas aux jeunes qu’ « il est acceptable de victimiser d’autres personnes ».
Quel est votre avis sur la question? Avez-vous joué au ballon-chasseur pendant votre enfance? Qu’avez-vous retiré de vos expériences?
