Selon une étude québécoise, les antidépresseurs seraient bons pour la santé du coeur

Des études plus poussées sont nécessaires

Trucs et Bricolages
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Publié il y a 5 ans
Selon une étude québécoise, les antidépresseurs seraient bons pour la santé du coeur
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D’après une récente étude, le fait de prendre des antipresseurs pourrait non seulement être bénéfique pour la santé mentale, mais aussi pour celle du coeur. 

C’est une bonne nouvelle, car avec le tabagisme et la sédentarité, la dépression est l’un des plus grands facteurs de risque de problèmes cardiovasculaires.

L’étude observationnelle a démontré une forte diminution du risque de troubles cardiaques chez les gens chez qui aucune maladie cardiovasculaire n’avait été déclarée et qui étaient sous antidépresseurs. 

Kim Lavoie, du Département de psychologie de l’UQAM et auteure principale de l’étude affirme que ces médicaments «diminuent de 30% le risque de troubles cardiaques majeurs chez les patients à risque».

La diminution du risque serait même de 46% chez les personnes qui ne présentaient pas de troubles cardiaques au début de l’étude.

Durant huit ans, les chercheurs ont suivi 2385 personnes âgées de 18 à 75 ans, qui avaient ou non des maladies cardiaques déclarées et  s’étant présentées à l’Institut de cardiologie de Montréal pour un test à l’effort destiné à mesurer le risque de troubles cardiaques.

Les participants étaient aussi soumis à des entrevues médicales, psychiatriques et sociodémographiques. Ils devaient de plus rapporter leur historique de maladies cardiovasculaires et de prescriptions d’antidépresseurs.

Les participants retenus ont dû répondre à un questionnaire destiné à dépister la présence de dépression (Beck Depression Inventory) et un autre moins spécifique, de dépistage de troubles mentaux (PRIME-MD).

«Si une personne combine des troubles dépressifs et des troubles cardiaques, cela double son risque de mortalité, d’où l’importance d’intervenir pour ceux qui présentent cette double condition médicale» explique madame Lavoie.

Dans cette étude, près de 41% des participants  avaient un historique de maladie cardiaque et 39% souffraient de dépression, soit 921 personnes. Parmi ceux qui souffraient de dépression, seulement 116 (12,6%) étaient sous antidépresseurs au début de l’étude. Le total monte à 190 si on ajoute les personnes atteintes de troubles anxieux également sous médication (Paxil, Zoloff, Celexa…) dans près des trois quarts des cas.


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Cela ne veut pas dire qu’il faille prescrire des antidépresseurs comme traitement préventif à des personnes qui n’en ont pas besoin. Le but de l’étude est plutôt de promouvoir le dépistage systématique des troubles dépressifs chez les personnes dont la santé cardiaque est à risque.

«Ce n’est pas ce qui est préconisé pour l’instant, car, en matière de santé mentale, on n’accorde pas la même importance au dépistage — il y a un double standard, contrairement aux maladies physiques», exprime Kim Lavoie. 

Actuellement, les professionnels de la santé ne sont pas assez bien équipés pour faire face à une demande en expansion des diagnostics en santé mentale et ne peuvent pas le faire. Pourtant, es antidépresseurs présenterait une bonne protection pour les patients à la santé mentale fragile et étant sujets aux troubles cardiaques. De là l’importance du dépistage précoce.

L’étude demeure difficile à interpréter en raison de son caractère observationnel, affirme le Dr Quoc Dinh Nguyen, interniste-gériatre au Service de gériatrie du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et auteur d’une récente étude en cardiologie. 

Tous les participants n’ont pas reçu d’antidépresseurs de manière aléatoire. On voulait évaluer la santé cardiaque chez ceux qui en reçoivent et la comparer à ceux qui n’en reçoivent pas. 

Le chercheur souligne toutefois que si les personnes sont à risque cardiaque, il est important de faire la distinction entre celles qui vivent une dépression et les autres. «Beaucoup de patients ne présentent pas de dépression. Est-ce qu’il faut leur donner des antidépresseurs? Cette étude ne prouve pas que c’est bon pour tout le monde. Si les gens sont déprimés, il faut les traiter, mais également chercher les raisons de la dépression, car chez la personne plus âgée — plus à risque cardiaque — il est mieux de limiter les médicaments», dit-il.

Il faudrait des études plus nombreuses pour mieux voir le lien entre les antidépresseurs et la santé cardiaque, en contrôlant parfaitement les différences liées aux niveaux sociodémographiques et les raisons de la prise d’antidépresseurs. 

«Les chercheurs de cette étude en sont conscients, car cela fait partie de leur discussion. L’étude regarde un point de vie et 9 ans plus tard, il y a bien des choses qui peuvent se passer», explique le Dr Nguyen.

Source: Métro