Selon une récente étude québécoise, les femmes s'épuisent plus au boulot

Les femmes seraient plus à risque de burn-out

Trucs et Bricolages
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Publié il y a 5 ans
Selon une récente étude québécoise, les femmes s'épuisent plus au boulot
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On a beau tenter de faire de moins en moins de différence entre les hommes et les femmes, les risques de souffrir d'un épuisement professionnel diffèrent selon le sexe, selon une étude sérieuse.

L’écartèlement entre le travail et la famille, le manque d'estime de soi et leur participation moins grande dans la prise de décisions feraient en sorte que les femmes sont plus à risque de vivre des épisodes d'épuisement professionnel, rapporte la récente étude québécoise.

« Les femmes tendent à se loger dans des emplois où elles n'ont pas un fort niveau de contrôle, qui ne mobilisent pas toutes leurs compétences et où elles ont moins souvent leurs mots à dire sur les décisions qui s'y prennent. Cela les met alors plus à risque de tomber en épuisement professionnel », affirme Nancy Beauregard, professeure de l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal et principale auteure de l'étude.

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La qualité de l'environnement professionnel jouerait un grand rôle dans le risque d’épuisement. « Le plafond de verre qui affecte les femmes et leur surqualification dans des emplois moins payés, mais surtout leur moins grande part de décisions pourraient expliquer que ce sont elles qui rapportent aussi plus souvent cette réalité », ajoute la chercheuse.

Paradoxalement, malgré la plus grande charge mentale subie par les femmes - surtout les mères - et de la répartition différente des rôles à la maison, les tâches domestiques feraient office de protection contre le fameux épuisement professionnel. De nombreuses femmes utiliseraient les courses, la vaisselle ou le soin des enfants comme stratégie de préservation face aux demandes du milieu professionnel.

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Certaines femmes vont jusqu’à réduire leur temps de travail pour le rediriger vers la famille. « C'est une façon de négocier une meilleure conciliation travail-famille. Les femmes tamisent ainsi leur intensité au travail, car elles ont besoin de ventiler et de répondre aux demandes de leur famille », explique Nancy Beauregard.

Mais attention, cette stratégie ne serait pas bénéfique sur le long terme. Madame Beauregard  estime que si ces femmes ne se réinvestissent pas au travail, elles risquent de manquer des opportunités de promotion et de valorisation professionnelles.

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Pour éviter l’épuisement professionnel, la prévention devrait être adaptée au type d'emploi, mais également au sexe du travailleur, conclut la chercheuse. 

« Il y a au Québec des solutions innovantes dont il faut s'inspirer et qui sont souvent à coût nul pour l'employeur. Par exemple, la gestion d'une banque d'heures qui assure une plus grande flexibilité, la valorisation des compétences ou le télétravail. » Explique-t-elle.

En mars dernier, était lancé l'Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET), dirigé par Alain Marchand. Cet organisme se penchera sur l'impact du travail sur la santé et les facteurs personnels des travailleurs. Supporté par 4 entreprises (Morneau Shepell, McKesson Canada, Croix Bleue Medavie et Pratt & Whitney Canada) il désire mettre à disposition des gens un « guichet » où ils pourront trouver des ressources afin de résoudre les différents problèmes auxquelles ils doivent faire face. « Ce sera une réponse fondée sur des données probantes », affirme monsieur Marchand. L'observatoire proposera aussi un bouquet d'interventions destinées à lutter contre les problèmes majeurs rencontrés au travail, en parallèle à un programme de recherche.

La capacité de concilier travail et famille, particulièrement pour les femmes, est un réel enjeu, à la lumière de cette étude. Selon Alain Marchand, l'employeur a un rôle à jouer. Par des approches flexibles et des programmes d'aide, ce dernier pourra proposer des ressources et des conseils avisés à ses employés.

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« On a longtemps cru qu'il y avait une séparation étanche entre le travail et la vie de famille, ce n'est pas vrai. Les problèmes des employés affectent aussi les employeurs qui doivent être à l'écoute de la santé et du bien-être de ces derniers », souligne le directeur de l’observatoire.

Professeure à l'École de gestion de l'Université Sherbrooke, Nathalie Cadieux souligne la qualité de cette étude, qui se penche sur l'impact du genre sur l'épuisement professionnel. Selon elle, cette étude intègre diverses facettes de la vie de l’individu, au travail et en dehors, et traite d'un équilibre à trouver dans toutes les sphères de la vie. Ce qui ramène la conciliation travail-famille tant pour les femmes que pour les hommes au premier plan ».

« Ce qui est aussi intéressant à lire dans cette étude, ce sont les périodes au foyer qui peuvent être source de récupération, même en faisant des tâches domestiques. Et cela donne des pistes sur les sources d'épuisement pour les hommes : de plus longues heures et des horaires réguliers au travail », explique cette spécialiste de la détresse au travail.

Cependant, puisqu’il ne s’agit pas d’une étude longitudinale (c’est à dire une étude qui suit les participants dans le temps) n'offre probablement qu'un portrait partiel de la situation. 

« Il faudrait que d'autres études confirment les conclusions. Et il faudrait idéalement avoir des informations de contexte, telles que la politique organisationnelle de l'entreprise et le climat de travail, différents facteurs d'influence donc qui rendraient cette étude encore plus robuste », affirme madame Cadieux.

Pour réaliser cette étude, les chercheurs se sont penchés sur les données de la recherche sur la santé mentale en milieu de travail des Canadiens (SALVEO) collectées de 2009 à 2012 auprès de 2026 travailleurs, dont 49 % étaient de femmes. 

Les travailleuses rapportent plus de conflits entre les sphères du travail et la famille, tandis que les hommes parlent plutôt d'organisation du travail et d'horaires atypiques.

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L'épuisement professionnel survient lorsqu'il y a un déséquilibre entre la demande de l’environnement, la « pression au travail », et les ressources mises à disposition, ce qui gruge l'énergie dont la personne dispose pour réaliser ses tâches.

Souhaitons que d’autres recherches apportent encore plus de pistes de solutions et que l’écart entre la charge mentale des femmes et des hommes se réduisent. Dans l’idéal, hommes et femmes auraient moins de pression, simplement!

Source: HUFFPOST