Trucs et Bricolages
Une bactérie transmise par les chats peut provoquer un diagnostic erroné de schizophrénie.
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Une bactérie transmise par les chats peut provoquer un diagnostic erroné de schizophrénie.

Une histoire incroyable qui est arrivée à un adolescent de 14 ans.

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C’est étonnant, mais une piste infectieuse pourrait expliquer certains cas de schizophrénie! 

Des chercheurs de la North Carolina State University ont rapporté le cas d’un adolescent américain de 14 ans, qui a été diagnostiqué schizophrène alors qu’en fait, il souffrait d’une infection liée à la bactérie Bartonella henselae. Son expérience est détaillée dans un article paru le 18 mars 2019 dans le Journal of Central Nervous System Disease.

En octobre 2015, ce jeune de 14 ans présente un ensemble de symptômes psychiatriques: hallucinations, délires, idées suicidaires et homicidaires…

Il est hospitalisé à plusieurs reprises en unité psychiatrique et reçoit un diagnostic de schizophrénie. On essaie alors plusieurs médicaments pour l'aider: antipsychotiques, antidépresseurs, stabilisateurs d’humeur et benzodiazépines… Mais rien n’améliore ses symptômes. 

Les médecins soupçonnent alors une encéphalite auto-immune et testent un traitement contre cette inflammation. Rien n'a d’incidence positive sur ses troubles comportementaux quotidiens, même si une diminution de la durée et de la fréquence des épisodes psychotiques est observée.

18 mois après l’apparition des premiers symptômes, soit en mars 2017, les médecins remarquent des lésions cutanées ressemblant à des vergetures sur les cuisses et les aisselles du garçon. Ces signes dermatologiques peuvent être des marqueurs d’une infection et les médecins décident donc de procéder à plusieurs tests bactériologiques. 

La sérologie révèle la présence d’une Bartonella, une bactérie probablement transmise via une griffure de chat et responsable d’une infection que l’on nomme bartonellose. (La famille en possède deux) 


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Suite au traitement antibiotique adapté, les symptômes de l’adolescent ont disparu!

Le docteur Guillaume Fond, psychiatre à l'AP-HM, chercheur à l’université Aix-Marseille et Coordinateur du Centre Expert Schizophrénie et Dépression Résistante explique que « Cette bactérie est impliquée dans ce que les médecins appellent les maladies des griffes du chat. Ces infections revêtent différentes formes et ne présentent pas de symptômes caractéristiques. Dans le cas de ce garçon, il a fallu attendre la survenue de manifestations dermatologiques après une errance diagnostique de 18 mois pour qu’un médecin pense à la piste infectieuse ».

À la connaissance du psychiatre, c’est le premier cas associant une bartonellose et une psychose. Mais d’autres agents infectieux avaient déjà été associés à des symptômes psychiatriques : c’est le cas notamment du virus Herpes simplex 2, des virus de la maladie de Borna, du Chlamydophila pneumoniae, du Chlamydophila psittaci ou encore du Toxoplasma gondii, le parasite de la toxoplasmose transmis, comme la Bartonella, par les chats.

Mais comment explique-t-on le fait que ces agents infectieux puissent être impliqués dans des problèmes psychiatriques? 

Selon le docteur Fond: « Une des pistes repose sur un mécanisme inflammatoire: l’infection déclenche une réaction immunitaire complexe, dont des possibles réactions auto-immunes: le corps produit alors des anticorps à la fois contre les pathogènes, mais aussi contre certaines de ses propres structures.  Ainsi, 1% des premiers épisodes de psychose seraient liés à la présence de ces anticorps qui seraient donc à dépister au moindre doute ».

Le docteur Fond pense qu’il faudrait un test de dépistage généralisé en psychiatrie. « Un bilan sérologique standardisé devrait être mis en place de façon systématique pour toute personne qui démarre un épisode psychotique anormal de façon à repérer la présence d’un agent infectieux », dit-il.

Même si aucun lien entre la bartonellose et les symptômes psychiatriques n’a été démontré pour le moment, le cas de l’adolescent américain plaide en faveur de l’inscription de Bartonella henselae à la liste des pathogènes à dépister.

C’est un peu apeurant de se dire que certaines personnes qui souffrent, croit-on, d’une maladie mentale ont peut-être simplement contracté une bactérie et serait libérées de leur diagnostic psychiatrique en prenant simplement des antibiotiques…