Une réduction des risques de l'ordre de 55%!
Un pourcentage de plus en plus important de la population mondiale habite actuellement en milieu urbain. De plus, l’Organisation mondiale de la Santé estime que plus de 450 millions de personnes rencontrent des problèmes de santé mentale sur la planète.
Des chercheurs de l'Université d’Århus, au Danemark, ont utilisé des images satellitaires ayant été prises entre 1981 et 2013 afin d’étudier l'ampleur des espaces verts autour du domicile d'environ un million de Danois. Par la suite, ils ont comparé ces données au risque de diagnostic de 16 maladies mentales plus tard pendant la vie.
Les scientifiques on écrit dans le journal médical PNAS que les enfants ayant grandi en étant entourés par des espaces verts plus importants voyaient leur risque de souffrir d’un problème mental réduit de 55% comparativement à leurs congénères qui avaient été moins entourés de nature. Ceci en tenant compte de facteurs de risque connus, comme le statut socio-économique, l'urbanisation ou encore un historique familial de troubles mentaux.
Adobe Stock
Selon le pédiatre Jean-François Chicoine, du CHU Sainte-Justine, « Il n'y a rien d'étonnant là-dedans. C'est comme si on avait besoin qu'une étude vienne nous prouver quelque chose qu'autrefois on aurait fait par simple bon sens. »
Le médecin explique que des études plus anciennes ont démontré que les enfants délinquants ou atteints de troubles de comportement réfléchiront, communiqueront et dialogueront un petit peu mieux après avoir bougé. Certaines études très spécifiques ont également été réalisées concernant la diminution de la médication chez les enfants atteints de TDAH qui seraient de plus en plus exposés à la nature.
« Plus un enfant bouge, plus il se défonce, plus ses petits symptômes d'inhibition ou d'impulsivité seront contrôlés. Du côté des enfants plus intériorisés, plus tristes, ou plus stressés intérieurement et qui ne le montrent pas nécessairement, on sait qu'il y a des pouvoirs calmants à ce qu'on voit et ce qu'on sent et qui nous anime à travers la nature ou l’exploration », explique le docteur Chicoine.
On sait que bouger et de se trouver dans la nature développe la dopamine et les endorphines naturelles, les hormones du plaisir. Cela a pour effet de calmer et d'apaiser le corps.
Adobe Stock
La dopamine qui rend aussi les jeux vidéo attrayants pour les petits et grands, mais les enfants utilisent de moins en moins leurs endorphines naturelles, puisqu'ils bougent moins.
Selon les statistiques, au moins la moitié des jeunes ne bougent pas suffisamment quotidiennement. C’est malheureux, car le simple fait de bouger activerait leurs endorphines naturelles.
« La différence entre les enfants et les adultes est qu'il s'agit d'un cerveau en croissance, donc il y a non seulement la possibilité d'apaiser certains circuits qui seraient mal développés, mais il y a la possibilité de les modifier », d’après Jean-François Chicoine.
« C'est vraiment entre six et douze ans qu'il va y avoir la dernière production très, très, très active de neurones [...] c'est une phase intensive pendant laquelle l'enfant apprend de nouvelles choses [...] en observant la nature, en la décrivant, en regardant les étoiles, en s'intéressant à la botanique ou aux poissons, tout ça s'installe dans le cerveau comme une valeur, alors le développement des valeurs entre l'âge de 6 et 12 ans, d'après moi c'est impossible sans la nature », ajoute-t-il.
Il n’est pas si facile de changer d’habitude pour bouger plus et fréquenter plus amplement la nature. Le cerveau recherche en tout temps ce à quoi il est habitué; lui demander de changer ses habitudes peut être très ardu.
Le docteur Chicoine lance un avertissement:
« Les grandes habitudes de vie, et notamment l'abus des écrans et le lien avec l'exercice physique ou l'obésité, se déterminent avant l'âge de cinq ou six ans ».
D'autres études affirmant même qu’un enfant pourra s'habituer dès un an ou deux à recevoir sa dopamine d'un écran plutôt que de la nature.
Toujours selon le pédiatre, « Les liens sont hyper forts dans la littérature scientifique. Les enfants qui écoutent beaucoup la télévision et qui sont beaucoup sur une tablette entre l'âge de trois et cinq ans vont devenir de grands consommateurs d'écrans, et de moins grands consommateurs de nature. »
Adobe Stock
La solution? Pour le docteur Chicoine, Il faut en premier lieu renverser « le négativisme, l'épuisement des familles contemporaines ». Selon lui, le problème provient des parents « amorphes » qui sont incapables de donner l'exemple, étant eux-mêmes rivés à leurs écrans.
Pourtant, pour être en contacte avec la nature, il n’est pas nécessaire de se lancer dans une randonnée dans la montagne pendant des jours. Une promenade au Jardin Botanique ou dans un grand parc, des emplettes dans un au marché public pour voir les produits et discuter avec les producteurs, les piscines publiques, les camps de jour, les balades avec Fido ou les visites au musée sont quelques exemples de bonnes occasions pour faire « émerger l'enfant ».
« Je prescris des scouts à tous mes enfants. C'est incroyable le bienfait que ça leur fait. Le scoutisme et tout ce que ça peut apporter au niveau convivialité, rapport avec les pairs, estime de soi, découverte, sentiment de compétence [...] est quelque chose d'extrêmement sous-utilisé », affirme le docteur Chicoine.
Selon le pédiatre, quand un enfant commence à découvrir, il en redemande. Rares sont les petits qui n'aiment pas regarder les dinosaures, les plantes, les étoiles et les animaux et s'y intéresser.
La nature n’est pas la grande nature sauvage des premiers temps de la colonie. Nul besoin non plus de se recycler en bûcheron ou d’habiter une cabane en rondins loin de tout pour qu’elle soit bénéfique.
Bouegons plus, bougeons près de la verdure et nos enfants nous remercieront plus tard!
Recevez les dernières nouvelles directement dans votre boîte de réception.